
Activités génératrices de revenus
La finalité de l’action de Chakarita est la mise en place d’activités génératrices de revenus à destination de populations rurales en situation de précarité.
En Afrique, on estime la consommation d'insectes à des dizaines de milliers de tonnes/an, correspondant principalement à un ramassage saisonier dans le milieu naturel. Il n'existe cependant pas de réelle filière organisée. L'élevage apparait donc pertinent pour permettre une production toute l'année, assurant une source de revenus réguliers pour les éleveurs.
De plus, si l'élevage tendait à se dévelloper, cela réduirait de manière significative le prélèvement des espèces dans le milieu naturel, préservant ainsi la biodiversité.
L’exemple de la Thaïlande (où plus de 20000 élevages d’insectes ont déjà vu le jour) montre qu’une activité économique peut naître autour de la commercialisation des produits issus des insectes.
L’objectif de Chakarita se décline de la manière suivante :
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Identifier des acteurs économiques en amont et en aval de la production
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Aider à la mise en place d’un réseau de distribution local
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Evaluer le potentiel d’une distribution à l’export
étal d'insectes sur un marché à Bangkok




© CRGB / S. Tchibozo
Vente de criquets sur un marché au Niger
L'exemple de Thong Dee, Laos
L'Afrique : un potentiel énorme



© IRD / E. Dounias
© Tiphaine Réto
..."Au cœur de la capitale laotienne, à quelques minutes en tuk-tuk des rives du Mékong, Thong Dee s’affaire dans son arrière-cour. Cette grand-mère de 60 ans y élève poulets, grillons et champignons. «Les volatiles sont là depuis des années mais cela ne me rapportait pas assez, alors, après avoir vu un spot publicitaire sur une chaîne thaïlandaise vantant les propriétés de l’élevage d’insectes, j’ai acheté quelques œufs de grillons à un ami et me suis lancée. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, ça me rapporte 300 000 kips par mois.» Soit 30 euros, un peu plus que le salaire moyen mensuel.
Depuis, elle passe, jour après jour, nourrir ses nouveaux pensionnaires. «On m’avait conseillé de leur donner des légumes, indique la nouvelle productrice, mais je n’avais pas les moyens de me rendre au marché pour les acheter. Alors je leur ai servi la même nourriture que celle que je donne aux poulets. Ils ont aimé et les générations se sont succédé.» Au Laos, ces histoires restent très rares alors qu’elles peuvent rapporter gros. Un petit coin de terre entre deux maisons suffit à en faire une source de revenus non négligeable… et une ressource alimentaire incontournable.
Dans l’arrière-cour de Thong Dee où résonnent les grillons, un homme s’avance. Il vient chercher la «récolte» de la semaine, 3 kilos d’insectes qu’il vendra à un revendeur de Dongmakkhar, l’un des marchés de la capitale laotienne. Il glisse 75 000 kips en échange de la marchandise et saute dans son camion vers ses prochains clients. «Pour l’instant, ce n’est pas toujours facile de trouver des débouchés et les prix restent aléatoires et fluctuants. Je connais des gens qui ont arrêté leurs productions à cause de ça», ajoute la vieille dame qui, après un dernier regard sur ses cylindres en béton, rabat la moustiquaire et rejoint sa maison. «Pourtant, pour nous, la vie est plus facile aujourd’hui. J’espère que d’autres fermes d’insectes comme la mienne verront le jour car plus nous serons nombreux, mieux nous pourrons nous organiser.»
Le marché des insectes alimentaires est très important en Afrique, il serait même énorme pour peu qu’on parvienne à satisfaire la demande en développant la production, la transformation et la distribution avec des techniques modernes estime Honoré Tabuna, expert en marketing des aliments traditionnels et valorisation de la biodiversité de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Actuellement, la consommation atteint des dizaines de milliers de tonnes sur le continent, à raison, par exemple, de près d’un kilogramme de chenilles par habitant et par mois en Afrique centrale. L’entomophagie se structure autour d’une autoconsommation rurale traditionnelle mais également d’une filière économique aussi dynamique qu’informelle, à destination des centres urbains. Comme pour les autres produits alimentaires non conventionnels qu’on trouve à l’état naturel, le ramassage des insectes est surtout l’affaire de femmes et d’enfants, selon les régions. La collecte reste une activité très artisanale et saisonnière, avec des rendements variables en fonction des conditions environnementales, « Une marchande de chenilles dans les rues de Bangui gagne davantage, pendant la saison, qu’un instituteur », rapporte le spécialiste.
Convaincu de l’existence d’un fabuleux marché, adossé aux attentes des consommateurs et aux nécessités nutritionnelles d’une population en pleine croissance démographique, il prône le développement d’élevages d’insectes comme il en existe déjà en Asie.
L’idée est d’associer des compétences scientifiques, agro-industrielles et commerciales au dynamisme des acteurs présents sur le marché pour produire et distribuer des insectes toute l’année. Un programme en ce sens est en cours d’élaboration à la CEEAC.



